Dylan Thomas (mardi, 25 mars 2008)
Mon HÉROS met à nu ses nerfs
« Mon HÉROS met à nu ses nerfs tout le long de mon poignet
Régnant du poignet à l’épaule,
Il déballe la tête qui, comme un spectre ensommeillé,
S’appuie sur mon souverain mortel,
La fière épine ennemie des tours et des torsions.
Et ces pauvres nerfs ainsi reliés au crâne
Souffrent sur le papier éperdu d’amour.
J’étreins les mots fous que j’ai gribouillés
Gémissant de toutes les faims de l’amour
Et disant à la page le mal vide.
Mon héros met à nu mon flanc et voit son cœur
Marcher, comme une Vénus nue,
Sur la plage de chair et enrouler sa natte sanglante.
Dépouillant mes lombes de promesse
Il promet une chaleur secrète.
C’est lui qui tient les fils de cette boîte de nerfs
Glorifiant la mortelle erreur
De la naissance et de la mort, la triste paire de voleurs
Et l’empereur du désir.
Il tire la chaîne, la citerne se vide. »
Dix-huit poèmes
Traduit de l’anglais par Patrick Reumaux
in « Œuvres tome I », Seuil, 1970
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