Katy Remy (mardi, 02 février 2010)
« La femme des petites provinces n’habite nulle part, elle vit pendant la semaine dans un meublé et les jours de congé elle va de ville en ville à l’hôtel pour écrire, en vue de tous, au bistrot.
En une nuit, elle est n’importe où. Elle ne visite pas, elle s’installe sur la première place venue, au premier hôtel de basse catégorie et se met à écrire. Elle ne saura rien du lieu, ni des gens. Elle continue un travail d’écriture commencé ailleurs, longtemps auparavant, dans un pays noté disparu. Ce qu’elle appelle “travail d’écriture”, c’est une consignation du temps, un rassemblement de son énergie qui l’oblige à s’installer pour écrire en arrivant et à écrire sans arrêt pendant deux jours. L’écriture n’est pas automatique ? Ni magie ni facilité. Même si des mots s’écrivent sous ses doigts.
La femme des petites provinces peut raconter qu’elle a arpenté Buenos Aires ou Gilette. Vous ne la croirez pas. Mais guère plus si elle vous décrit la taille des vignes dans la montagne. L’écriture n’est pas faite pour être crue. »
Katy Remy
La femme des petites provinces
Contre-Pied, 2009
12:14 | Lien permanent