Charles Racine, "le sujet est la clairière de son corps" (mercredi, 21 septembre 2011)
« Les entrailles de l’âme qui ouvrent les plaines sans lier les convois qui l’enlacent entendent le pas du vent Le cheveu s’adoucit sous la main qui mit en sa joie le vent sous la nuit dessinée je frappe à pieds féconds qui montent sur la page atténuant l’écho qui monte en escalier dans le texte qui se procure un passage dans ce mot qui ne serait pas négocié et les abîmes que tu me dis côtoyer je les élis sur ma marche édifiante Une déchirure un divorce a lieu sur les grands fonds de l’âme élevés en toiles écrues tendues déçues crevant à l’apparition de la mariée qui pratique le cours de la mort dont elle élève les yeux à la cime d’un vain effort Savance progressive d’immanence m’anime que contourne merveilleuse soie ma peau Gros œil océanesque célèbre dans la soie les yeux de l’enfant célèbre en ses joutes Écriture a une vocation rallie le convoi qu’ouvre le poème ère de mie qui embue les yeux la prend en enfilade Poésie a une vocation en porte-à-faux de l’écriture Mie feu ! que n’éteint la cendre portée à la bouche est principe actif de mort Partout où mort voudra s’accomplir où mort voudra mourir se mettre à mourir elle ira chercher mie quel qu’en soit l’endroit pour y mourir Tu rattrapes dans le vertige le vertige, la nappe qui voyage circonvolutionne dans le vertige O la face qui se surprend à coucher à son ombre un retour se démantèle dans l’ombre dont elle halète y repose le pas tombe ses chairs au profit de la robe Un visage se cherche sur les épaules pour le désœuvrer se cherche vers le mystère Tu dévoiles les vaisseaux en haute mer pour incliner ton corps prosodique sur le front des vagues que désigne la courbe portative appelante d’un homme qui t’appelle Cette aventure se détache des syllabes qui la prononcent Cette foi de sang battue geint sous la syllabe qui la martèle L’éteignoir qu’élime la biche qui jamais ne se surprend dans sa lutte qui change de chemise dans l’autre bouche dont elle murmure d’être revêtue la chemise s’abandonne au titan Le lointain s’édifie sur l’infime croissant lunaire Le timbre oblitéré n’ajoute rien à cette gloire courbant l’échine sous la grandeur Je frappe sur un chambranle lieu s’escorte Le pan de texte ne m’ouvrit ses portes Il y faudrait de l’âme à battre le fer Façade inoubliable sur la place qui roule de ses veilles aux pieds d’un homme qui s’effeuille l’espace abdique ses pouvoirs mensongers sous le sceau de l’échec qui roule de ses veilles aux pieds d’un homme apriorique que leur inculque le pan de texte qui ne mettra jamais le visage à la fenêtre. »
1964
Charles Racine
Le Sujet est la clairière de son corps
avec quatre eaux-fortes de Chillida
Maeght éditeur, 1975
Repris in Ciel étonné
Fourbis 1998
15:30 | Lien permanent | Tags : charles racine, le sujet est la clairière de son corps, maeght, fourbis