Lyn Hejinian, "Gesualdo" (vendredi, 27 avril 2012)
Martin Richet sait toujours repérer l’inattendu et il excelle à le traduire. Ce mince livre commence en ré et se termine en « mesure pointillée » en la et ré fusionnant les [nos] voix. Carlos Gesualdo, musicien et assassin, ou l’inverse, mais fidèle, « une aptitude aux motifs, au couplage » — Gesualdo « un nom ne doit pas annoncer une intention ».
L’écriture de Lyn Hejinian est d’une rare complexité et d’une rare flamboyance. Elle entraine le lecteur sur des chemins qu’il n’envisageait même pas, c’est dire si elle est nécessaire. « Je suis singulier et dépendant, d’un message plus urgent de l’artifice à une expression vivante. » Un effet de musique, un effet de sauvagerie, un effet de désir, un effet de vacillement — page 5 coda —, une aventure d’amour qui suggère la fin, sans réplique.
Mêlant, entremêlant — fine et savante tapisserie, rugueuse et soyeuse à la fois — l’autobiographie du compositeur italien et sa musique, avec une précision et une exactitude rares, Lyn Hejinian donne ici un des textes les plus troublants qui soit, véritable « Contorsion en douceur, le rythme est immobile, un langage ultérieur guidé par la consolation ou le soulagement. »
Claude Chambard
Lyn Hejinian
Gesualdo
Traduit de l’américain par Martin Richet
Éric Pesty Éditeur
16 p. ; 9 €
http://www.ericpestyediteur.com/
Cet article a paru une première fois dans CCP n°20, cipM, octobre 2010
14:02 | Lien permanent | Tags : lyn hejinian, gesualdo, martin richet, eric pesty