Rafael José Díaz, « Le Crépitement » (mercredi, 03 avril 2013)
les sept gorges
« Le volcan n’est pas un rêve. Nous en avons fait le tour
toi et moi, par les sept gorges sous le soleil
qui tournait plus lentement que nous.
Le volcan ne dormait pas. Il tenait compagnie
aux pas entre les fleurs, aux étreintes furtives
comme des incendies au bord d’un autre ciel.
Tu découvris pour moi deux oiseaux
qui conversaient embrasés sur les branches
brûlantes du feu ancien du volcan.
Le soleil ou l’œil ou le cratère
jetaient leur lumière et absorbaient
la seule lumière jetée par les paupières du rêve.
Paupières,
tes paupières,
prises au rêve des miennes.
Comme la toile d’araignée
que nous vîmes résister à la brise,
à la présence obscure du volcan,
de même, les fines paupières
cherchaient dans l’air le centre intact
de la vie et de la mort.
Demeure secrète de l’amour, où
tu accourais de très loin, du centre
d’une toile tissée entre le soleil et le néant.
Il n’était pas un rêve, le volcan. Par les sept gorges
la lumière nous disait qu’il n’était pas un rêve
l’amour, que les yeux verraient d’autres lumières à l’ombre du rêve. »
traduit par Guy Rochel
Rafael José Díaz
Le Crépitement
Préface de Philippe Jaccottet
Traductions de l’espagnol par Jacques Ancet,
Bernard Banoun, Roberto San Geroteo,
Claude Held, Guy Rochel
Bilingue
L’Escampette, 2007
Douzième page pour fêter les vingt ans de L’Escampette
16:50 | Lien permanent | Tags : rafael josé díaz, le crépitement, philippe jaccottet, jacques ancet, bernard banoun, roberto san geroteo, claude held, guy rochel, l’escampette