Serge Delaive, « Paul Gauguin, étrange attraction » (samedi, 15 juin 2013)
« C’est toujours la même histoire : celle d’un homme qui se cherche dans un monde qui le perd. Une histoire universelle. Il arrive parfois qu’une femme ou un homme parvienne à raconter cette histoire dans sa multiplicité. Dans ce qui la surpasse. Il arrive même qu’une autre femme ou qu’un autre homme rencontre l’histoire ainsi libérée. Quelque chose vient de changer. Définitivement. Car il y a désormais partage. Partage et durée. Fission. Aussi longtemps que la femme qui a reçu ou que l’homme qui a entendu le message seront en vie, ils se souviendront. Ceux qui ont réussi à transmettre le récit impossible sont des magiciens. Des sorciers. Des alchimistes.
Comme toi qui parcours ces lignes, j’ai connu cette expérience à plusieurs reprises. J’ignore ce que tu en penses, mais dans ces moments-là, on se dit que c’est ça être en vie : avoir la chance de surprendre une histoire transposée et, d’instinct, la comprendre. La prendre en soi. On peut sortir de ces rencontres complètement désorienté. Ou s’empêtrer dans la quête obsessionnelle des instants prodigieux. Au point de se perdre encore. »
Serge Delaive
Paul Gauguin, étrange attraction
L’Escampette, 2011
Vingt-troisième page pour fêter les vingt ans de L’Escampette
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