Avag Epremian, « J’ai vu… » (mercredi, 16 octobre 2013)
« J’ai vu les rues de ma ville,
désertes et sans issue ;
j’ai vu détruit le sanctuaire unique
de mon enfance ;
les mots dont je rêvais
avaient soudain vieilli, dénués de passion ;
seul, paradant, le cadavre
des jours était en liesse…
À ma porte, comme
négligemment jetés là,
gisaient les siècles, la gloire trouble des siècles,
leurs mœurs libertines,
et, dans l’attente, un million de
pharisiens, de douaniers et de clercs
tremblants — perplexes devant la force
ultime et tragique de l’instant. »
Avag Epremian
Traduit de l’Arménien par Nounée Abrahamian & Stéphane Juranics
in Avis de recherche — une anthologie de la poésie arménienne contemporaine
Éditions Parenthèses, 2006
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