Denise Le Dantec, « Les Jardins et les Jours » (jeudi, 16 janvier 2014)
« … Est-il vrai, comme je le pense, que nous cherchons à atteindre, enfin, une plénitude ?
Le jardin nous en offre, sinon la réponse, du moins la condition.
À la dispersion cruelle, nous préférons la dérive ténue du jardin.
Le temps que je prends au jardin est le temps d’arrêt qu’il me faut pour vivre sur le mode le plus juste qui m’est possible.
Au jardin des Augustines, je suis indisponible, injoignable.
Mon temps, notre temps n’est pas illimité.
Toute conclusion renoncée, je m’abandonne aux vertus de la vie ordinaire, réglée par la cloche de l’église, où chacun s’abandonne, autant que faire se peut, au plaisir de la lumière et de la chaleur, quand celle-ci n’est pas trop forte, en fin de journée ou après le repas du soir.
Je regarde autour de moi : le merveilleux s’éclipse.
Je change de respiration.
Assurément, il y a une prédilection de l’esprit pour la beauté prodigue, extravagante, qui est la marque de notre puissance d’être.
Ici, l’imagination est mortelle. Seule la réalité compte. »
Denise Le Dantec
Les Jardins et les Jours
Éditions du Rocher, 2007
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