Chantal Dupuy-Dunier, « Mille grues de papier » (jeudi, 25 septembre 2014)
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Avec un fragment de soleil,
l’enfant aurait plié une grue
qui en aurait valu plus de cent.
Origami incandescent
de nature à s’opposer au rayonnement de la bombe ?
187
Sadako plie une grue
dans l’aile diaphane d’un oiseau mort.
Un peu de poudre sur les doigts.
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Dans une larme,
Sadako plie une grue aux ailes liquides.
Dans la courbure d’une larme
sa vie s’infléchit.
Des globules blancs prolifèrent au ciel
aux côtés des étoiles.
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J’avais l’âge de Sadako,
je vénérais Thérèse et ses roses,
voulais devenir carmélite.
Il ne demeure rien de ma folie d’enfermement.
Cependant j’ai conservé
comme un fétiche amérindien,
une statuette de ma sainte.
Dans chaque église visitée, c’est elle que je cherche.
Tant de grandeur dans cette petite vie,
si vite éteinte, tels les cierges sur le présentoir.
Dans une goutte de cire
tombée sur le fer forgé,
Sadako plie une grue.
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Il pleut des grues d’origami
sur la couverture en coton d’un lit d’hôpital,
au long des couloirs blancs,
dans les paumes ouvertes du visiteur.
Il pleut de vrais oiseaux dans les rêves.
Dans les rêves,
on parviendrait à compter jusqu’à mille,
à aller jusqu’au bout du voyage ?
Dans les rêves, on pourrait…
Chantal Dupuy-Dunier
Mille grues de papier
Poésie / Flammarion, 2013
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