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Claude Rouquet, la dernière échappée - 13 janvier 2015, Chauvigny (mardi, 13 janvier 2015)

les mots du frère pour l'accompagner

 

« quelle heure est-il dans mon corps ?

quel minéral rouge jaillirait si je me tranchais une veine… je ne sais pas… je ne sais pas…

 

ce que je vois ne peut déjà plus être chanté.

 

je me souviens d'une tête rebelle flottant près de la fenêtre.

mais la maison est remplie de gémissements, c’est bientôt le matin je ne me souviens de rien de plus.

 

ce que je vois ne peut déjà plus être chanté.

 

je recommence la fuite, la dernière, et je devrais y mourir les yeux ouverts, attentif à la moindre rumeur, au plus petit geste – attentif à la métamorphose du corps qui a toujours refusé l’ennui.

 

ce que je vois ne peut déjà plus être chanté.

 

je marche avec les bras levés, et avec la pointe des doigts j’allume le firmament de l’âme.
j’espère que le vent passera… sombre, lent puis j’y entrerai, scintillant, léger… et je disparaîtrai. »

 

Al Berto

Mort de Rimbaud

in Jardin d’incendie
traduit du portugais par Jean-Pierre Léger
L’Escampette, 1997

16:34 | Lien permanent | Tags : claude rouquet, al berto, jean-pierre léger, l'escampette