Sergueï Essénine, « Poèmes 1910-1925 » (mardi, 18 août 2015)
« Par les soirs bleus, les soirs de lune,
Autrefois, j’étais beau et jeune.
Et sans pouvoir s’arrêter tout est
Passé pour ne jamais revenir…
Yeux délavés, cœur refroidi…
Ce bonheur bleu ! Ces nuits de lune !
4 / 5 octobre 1925
*
Pauvre plumitif, est-ce bien toi qui composes
Des chansons à la lune ?
Depuis longtemps je me suis refroidi devant
Le vin, le jeu, l’amour.
Cette lune qui entre par la croisée
Verse une lumière à vous crever les yeux…
La dame de pique j’ai levé
Pour jouer enfin l’as de carreau.
4 / 5 octobre 1925
*
Au revoir mon ami, au revoir.
Mon cher, tu es tout près de mon cœur.
Cette séparation prédestinée
Promet bien une rencontre à venir.
Au revoir mon ami ; ni
Poignée de main, ni un mot,
Ne va pas t’affliger ici, –
C’est que vivre n’est pas nouveau
Et mourir, il est vrai, non plus. »
1925
(Dernier poème d’Essénine, écrit le jour de sa mort, avec son sang)
Sergueï Essénine
Poèmes 1910-1925
Traduction du russe & postface Christian Mouze
Avant-propos d’Olivier Gallon
La Barque, 2015
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