Julien Blaine, « Débuts de roman » (mercredi, 28 juin 2017)
© : sophie chambard
« 7
En retournant de chez ses parents : lui, le père nonagénaire dégoulinant sur son fauteuil roulant et elle, la mère, dont l’ego était si éblouissant qu’il brûlait toutes celles et ceux qui l’approchaient, il envoya ce texto à ses enfants : “si un jour je me suicide, je n’aurais pas besoin de laisser un mot !”
12
C’est au moment et au centre d’une curieuse torpeur que Toussaint se murmura : “Moi, je regarde et considère ces jeunes gens comme s’ils avaient mon âge et, eux, me voient comme si j’avais le mien…”
Au bruit d’une feuille froissée, il se retourna.
Pourquoi le regardait-elle ainsi ?
22
Depuis longtemps, très jeune, déjà, il parlait de la vieillesse, de sa vieillesse et le voilà ce matin, septuagénaire, en train de se brosser les dents en se mirant dans la glace de la salle de bain…
En fait, de cet état, de cet âge, il n’en savait rien.
60
Ainsi va la vie, on perd de vue des amis très chers irremplaçables au détour d’un jour, ou à la fin d’une interminable nuit on ne sait même plus s’ils sont vivants ou morts et soudain »
Julien Blaine
Débuts de roman
Éditions des Vanneaux, 2017
17:23 | Lien permanent | Tags : julien blaine, débuts de roman, les vaneaux