William Butler Yeats,«Michael Robartes et la danseuse» (samedi, 15 juillet 2017)
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« Au point du jour
Fut-ce le double de mon rêve
Que la femme couchée à mon côté
Rêva, ou bien partageâmes-nous le même rêve,
Dans la première lueur froide du jour ?
Je pensais : “Il est un torrent
Sur le flanc de Ben Bulben,
Que toute mon enfance tint pour cher ;
Si je partais au bout du monde
Je ne pourrais trouver chose aussi chère.”
Mes souvenirs ont si souvent
Exagéré les délices de l’enfance !
J’aurais voulu le toucher comme un enfant
Mais, je le savais, mes doigts n’auraient touché
Que de l’eau et des pierres froides. Je m’emportai,
Accusant même le Ciel d’avoir
Pris ce décret parmi ses lois :
Rien de ce que nous aimons à l’excès
Ne se laisse estimer au toucher.
Je fis ce rêve à l’approche du jour,
L’aube soufflait sa froide rosée dans mes narines.
Or celle qui est couchée à mon côté
Avait, dans un sommeil plus amer,
Vu le cerf merveilleux d’Arthur,
Le noble cerf blanc, bondir
Dans la montagne, de rocher en rocher. »
William Butler Yeats
Michael Robartes et la danseuse, suivi de Le Don de Haround Al-Rachid
Bilingue
Présenté, annoté et traduit de l’anglais par Jean-Yves Masson
Verdier, 1994
15:51 | Lien permanent | Tags : william butler yeats, michael robartes et la danseuse, jean-yves masson, verdier