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John Ashbery, « Sonate bleue » (lundi, 04 septembre 2017)

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DR

 

« Il y a longtemps c’était alors le début de ce qui semble maintenant

Comme maintenant n’est que départ pour un nouveau mais encore

Vague chemin. Ce maintenant , celui qui est vu une

Fois de loin, c’était notre destinée

Peu importe ce qui peut nous arriver d’autre. Il est

Le présent passé de quoi notre physionomie,

Nos opinions sont faites. Nous en sommes la moitié et nous

Nous soucions peu du reste. Nous

Pouvons voir assez loin pour que le reste de nous soit

Implicite dans l’entourage qu’est le crépuscule.

Nous savons que cette partie du jour vient tous les jours

Et nous le sentons, puisqu’il a ses droits, aussi

Nous avons le droit d’être nous-mêmes dans la mesure

Où nous sommes en lui et non dans quelque autre jour, ou

À quelque autre endroit. Le temps nous convient

Tout comme il est content de lui, mais dans la seule mesure

Où nous ne cédons pas de ce pouce-là, souffle

De devenir avant que devenir puisse être vu,

Ou vienne à ressembler à tout ce qu’il semble signifier maintenant.

 

Les choses qui venaient pour qu’on en parle

Sont venues et parties et l’on se souvient encore

Comme récentes. Il y a un grain de curiosité

À la base des quelques nouveautés, qui déroulent

Leur point d’interrogation comme une nouvelle vague sur le rivage.

En venant pour donner, pour renoncer à ce que nous avions,

Il nous faut, nous le comprenons, gagner ou être gagné

Par ce qui passait, brillant du chatoiement

Des choses récemment oubliées et ravivées.

Chaque image trouve sa place, dans le calme

De ne pas avoir trop, d’avoir juste assez.

Nous vivons dans le soupir de notre présent.

Si c’était tout ce qu’il y avait à avoir

Nous pouvons ré-imaginer l’autre moitié, la déduire

De la forme de ce qui est vu, insérés

Que nous sommes dans l’idée qu’elle se fait de la façon dont

Nous devons continuer à avancer. Il serai tragique de s’adapter

Dans l’espace créé par notre arrivée retardée,

Pour proférer le discours qui est de circonstance,

Car le progrès survient à travers la ré-invention

De ces mots tirés du pâle souvenir que nous en avons,

En violant cet espace de façon telle

Qu’on le laisse intact. Pourtant après tout

Nous en sommes et nous avons franchi une considérable

Distance, notre passage est une façade,

Mais la comprendre nous justifie. »

 

John Ashbery

Quelqu’un que vous avez déjà vu

Traduit de l’américain par Pierre Martory et Anne Talvas

P.O.L, 1992

 

Aussi de John Ashbery sur ce blog : http://www.unnecessairemalentendu.com/archive/2016/01/24/...

 

John Ashbery, né le 28 juillet 1927 à Rochester, est mort le 3 septembre 2017 à Hudson.

16:20 | Lien permanent | Tags : john ahsbery, quelqu'un que vous avez déjà vu, pierre martory, anne talvas, p.o.l