Ludovic Degroote, « La Digue » (samedi, 24 mars 2018)
« Emboîtant le pas, toujours en train de se quitter, écrivant ailleurs, d’une même voix.
Ce qu’on vit pèse plus que la solitude des autres réunie. On est généreux le temps d’un mot, qui dure le temps qu’on le dit.
On est là les yeux fermés, exactement comme si c’était une attente. Quand la pluie mouille, l’intérieur est d’abord atteint au cœur, ça va ensuite autour ; là où l’intérieur et le dehors se confondent c’est le plus impossible à toucher, là seulement où la tête repose au plus près.
[…]
On meurt, on n’a rien demandé, c’est le premier geste qui nous porte à l’habitude, on se défait des images, quand on dort et qu’on ne voit rien, c’est là le meilleur, pas d’humidité à l’intérieur, on est effacé, comme si on avait disparu de soi.
On est au début de la digue, au bout on est à la fin, si on n’a pas fini on revient, s’entassant là, se taillant une mémoire, un relief, par passages successifs, on s’occupe d’une place, on ne pense à rien, on est bien, on vit. »
Ludovic Degroote
La Digue
Editions Unes, 1995, rééd. 2017
https://www.editionsunes.fr/catalogue/ludovic-degroote/la...
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