Tsa’o P’ei, « Une chanson de Yen » (mardi, 05 juin 2018)
Le chant des premières pousses, Ma Yuan, début XIIIe, Musée du Palais, Pékin.
« Il est aisé de se quitter,
Difficile de se retrouver !
Au loin, par-delà monts et fleuves,
Routes interminables,
L’angoisse au cœur, je pense à vous,
Et je ne puis parler.
Je confie un mot aux nuages ;
Ils s’en vont sans retour.
Les larmes sillonnent mes joues ;
Ma beauté se flétrit.
Qui pourrait, accablé de peine,
Retenir mes soupirs ?
Je me chante des vers à moi-même
Pour tenter de me consoler.
Mais la joie me quitte, et la peine
Vient me briser le cœur.
Je m’étends, pensive, obsédée.
Sans trouver le sommeil.
Alors je me rhabille et sors,
Marche de-ci de-là…
Je regarde les étoiles, la lune ;
J’observe les nuages.
Un oiseau chante dans l’aurore ;
Sa voix est pitoyable.
Je m’attarde, et désire, et souffre…
Je ne puis plus trouver la paix. »
Yen est un pays de la Chine ancienne qui correspond en gros à l’actuelle province du Ho-pei (Hebei).
Ts’ao P’ei (187-225)
Traduit par Robert Ruhlmann
In Anthologie de la poésie chinoise classique
Sous la direction de Paul Demiéville
Gallimard, 1962, rééd. Coll. Poésie/Gallimard, 2000
16:57 | Lien permanent | Tags : tsa’o p’ei, une chanson de yen, anthologie de la poésie chinoise classique, robert ruhlmann, paul demiéville, poésiegallimard