Walis Nokan, « Les sentiers des rêves » (vendredi, 08 juin 2018)
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« Un après-midi d’été
L’orage a cessé.
La prairie verdoyante s’étend à travers le vallon où le bourg est niché ; au loin des montagnes, droites et solennelles, telles des médailles.
La petite échoppe prépare un thé aux perles glacé à vous en secouer les artères.
La maison close maquillée en hôtel ouvre grand ses portes, comme de raison.
Là-haut dans nos montagnes, l’arbre à sel diffuse ses parfums dont les bêtes raffolent ; immobile pour longtemps, je suis le spectateur à l’œil froid.
Le déchiffreur de rêves
Mon père est le déchiffreur de rêves le plus habile de notre clan, voire de notre tribu tout entière.
Mon père dit : un ours vu en rêve signifie qu’un membre du clan sera emporté par les esprits de la montagne. Un corbeau, c’est signe qu’il faut se laver les cheveux. Du millet indique une bonne fortune imminente. Un serpent, une grossesse possible. Et si tu me vois moi, navré, tu dois vraiment être en train de rêver. »
Walis Nokan
Les sentiers des rêves
Traduit du chinois (Taïwan) par Coraline Jortay
Préface de Gwennaël Gaffric
L’Asiathèque, 2018
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