Pierre Bergounioux, « Enfantillages » (mercredi, 01 janvier 2020)
« Courir après des insectes, récolter des cailloux, lire continuellement, au lieu d’agir, qui semblent insanes, passé un certain âge, le sont beaucoup moins et peut-être pas du tout si l’on admet que le passé demeure présent à chaque instant et ne s’éloigne, ne passe qu’autant qu’il a trouvé son achèvement. C’est parfois le cas et alors on est quitte, disponible pour des tâches nouvelles, actuelles. Mais il arrive, et c’est le plus souvent, au commencement, que notre ignorance, notre incurie nous empêchent d’obtenir ce qui nous est très manifestement destiné, nécessaire, salutaire. On ne coupera pas au dépit, à la tristesse. Mais si l’on est incapable d’intercepter les merveilles qui passent et que les adultes ne voient rien, ne font rien qui vaille, on a toujours la ressource de confier à celui qu’on sera peut-être devenu, à son tour, plus tard, le soin de réparer les dommages et les pertes qu’on a essuyés d’emblée. De lui à nous, il existe une continuité essentielle, et c’est le temps. »
Pierre Bergounioux
Enfantillages
L’Herne, 2019
Avec tous mes vœux pour 2020
16:59 | Lien permanent | Tags : pierre bergounioux, enfantillages, l'herne
Commentaires
Beau texte à méditer pour entamer ce nouvel an, merci à vous !
Et merci également pour tous ces partages poétiques, très belle année à vous.
Nadine
Écrit par : Nadine Travacca | mercredi, 01 janvier 2020
Très beau texte de Pierre !
Écrit par : Jouanard | jeudi, 02 janvier 2020