Yves Bonnefoy, « Deux poèmes » (dimanche, 03 mai 2020)
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« L’arbre, la lampe
L’arbre vieillit dans l’arbre, c’est l’été.
L’oiseau franchit le chant de l’oiseau et s’évade.
Le rouge de la robe illumine et disperse
Loin, au ciel, le charroi de l’antique douleur.
Ô fragile pays,
Comme la flamme d’une lampe que l’on porte,
Proche étant le sommeil dans la sève du monde,
Simple le battement de l’âme partagée.
Toi aussi tu aimes l’instant où la lumière des lampes
Se décolore et rêve dans le jour.
Tu sais que c’est l’obscur de ton cœur qui guérit,
La barque qui rejoint le rivage et tombe.
Une voix
Combien simples, oh fûmes-nous, parmi les branches,
Inexistants, allant au même pas,
Une ombre aimant une ombre, et l’espace des branches
Ne criant pas du poids d’ombres, ne bougeant pas.
Je t’avais converti aux sommeils sans alarmes,
Aux pas sans lendemains, aux jours sans devenir,
À l’effraie aux buissons quand la nuit claire tombe,
Tournant vers nous ses yeux de terre sans retour.
À mon silence ; à mes angoisses sans tristesse
Où tu cherchais le goût du temps qui va mûrir.
À de grands chemins clos, où venait boire l’astre
Immobile d’aimer, de prendre et de mourir. »
Yves Bonnefoy
Pierre écrite
Mercure de France, 1965
16:39 | Lien permanent | Tags : yves bonnefoy, deux poèmes, pierre écrite, mercure de france
Commentaires
le poème paraît simple, il se lit facilement, et chaque chose nommée devient le poème, c'est magnifique! depuis longtemps!!
Écrit par : sophie marie van der pas | dimanche, 03 mai 2020