Kobayashi Issa, « Ora ga haru – Mon année de printemps » (mercredi, 03 juin 2020)
«On dit que les grenouilles ont appris l’art de voler à un ermite chinois et qu’elles ont laissé une réputation guerrière horrible dans la grande bataille de Tennôji. Cependant, c’est une histoire du passé et maintenant, s’adaptant à notre époque bien gouvernée où la paix est établie, elles vivent en paix avec les hommes.
Les soirs d’été je déroule ma natte de paille derrière la maison et je les appelle affectueusement. Bientôt du buisson du coin elles s’approchent lentement et, comme les hommes, viennent se rafraîchir. À voir l’expression de leur visage, il semble qu’elles récitent des poèmes. C’est pourquoi elles furent élues juges du concours de poésie Mushi awase “le concours des petits bêtes” de Chôsôji, ce qui devint la gloire de leur vie.
Sereine
une grenouille
regarde la montagne
Au rossignol
la grenouille
rend une visite de courtoisie
Kikaku
Tu caches
ce que tu penses
grenouille ?
Kyokusui
Une goutte de pluie,
la grenouille
s’essuie la tête »
Kobayashi Issa
Ora ga haru – Mon année de printemps
Traduit du japonais, présenté et annoté par Brigitte Allioux
Cécile Defaut, 2006
18:20 | Lien permanent | Tags : kobayashi issa, ora ga haru, mon année de printemps, brigitte allioux, cécile defaut, grenouille, kyokusui, kikaku, rossignol, art de voler, ermite chinois, bataille de tennôji, concours des petites bêtes
Commentaires
Quand il est réussi, cet art du banal, qui caractérise le haïku, impressionne autant qu'il déconcerte, par sa banalité même. C'est le cas, souvent, chez Bashô, chez Buson en chez Shiki.
Écrit par : gil jouanard | jeudi, 04 juin 2020
heureuse de votre commentaire, simple, sans fanfaronnade, intuitif, perçant,
voici un haïku, différent, moderne, en coup de poing :
La guerre était là debout au fond du couloir
Watanabe hakusen (1913 - 1969)
traduction Yves-Marie ALLIOUX 1947-2018)
Poèmes de tous les jours ed. Picquier.
ce haïku date de 1939
Écrit par : brigitte Allioux | jeudi, 02 juillet 2020
parfois, je m'y penche... aussi léger qu'une plume, sans plus. voici mon petit dernier:
Le dit des saisons
parler juste de soleil
dans le bleu mésange
Écrit par : sophie marie van der pas | vendredi, 05 juin 2020