Franck Venaille, « Ô voici des ruines » (samedi, 13 juin 2020)
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« ô voici des ruines combien pénibles à franchir l’amoncellement de pierres voici qu’il forme rivière à traverser et le lit de l’eau craque et murmure
mais qu’il fait tendre également dans la douceur des peaux, l’odeur prégnante du foin qui fut hier ramassé par un essaim d’enfants parlant langue immature
et te voici allant seule dans ton corps, allant si claire toi sur qui, en entier, repose l’instinct de vie, retournez-vous allant à vos travaux, saluez celle-là
dis-je à l’entour mais nul n’écoute et les oiseaux dans l’alpage s’installent formant damier sur lequel prudemment les longs doigts d’un dieu bougent les figurines
mes angelots au plumage de flammes dirait-on près de la fontaine vous vous querellez est-ce en vous sentiment d’une mort à venir ou simple soif qui s’exprime enfançons ! »
Franck Venaille
Tragique
Osidiane, 2001, rééd. Poésie / Gallimard, 2010
15:27 | Lien permanent | Tags : franck venaille, ô voici des ruines, tragique, obsidiane, poésie gallimard
Commentaires
Très cher Franck ! J'ai toujours éprouvé affection et admiration pour lui, depuis 1966, où nous avons été d'une même couvée "littéraire" chez un éditeur mi-figue, mi-raisin, puis à l'époque où je lui commandais des articles pour l'encyclopédie dont je m'occupais, vers 1968/69. Je le vis passer d'une poésie "de combat" à une intériorité qu'il dut à la lecture qu'il fit, alors, si j'ai bonne mémoire, de Kierkegaard ou de Schopenhauer. Il changea de dimension et s'approfondit considérablement.
Écrit par : gil jouanard | dimanche, 14 juin 2020