Gustave Roud, « Cahier 1935, extrait I » (mardi, 27 août 2024)
« 17 juin — 19h La Croix
Un oiseau chante à la cime du cerisier, caché sous les feuilles — pour moi. Je crois maintenant ce que j’avais pressenti tant de fois : le message de mes morts — Ils se servent des animaux, des fleurs pour nous parler encore, nous faire signe. Déchirants appels parce que rien ne peut les rendre efficaces si quelque amour ne nous y rend point sensibles. Le vent est tombé après un après-midi d’assauts infatigables contre les feuillages — et l’âme. Maintenant c’est le soleil couchant sur les collines, les foins frôlés avec toutes les fleurs dans l’ombre et seule encore scintillante l’aigrette des graminées. Je viens de passer aux Laviaux — j’aime ces grandes fermes solitaires où vit un monde — je crois que mon enfance à Brie pour toujours m’a donné ce goût — isolement et communion tout ensemble.
Gustave Roud
Petites notes quotidiennes (ou presque) — journal 1933-1936
Préface de Pierre Bergounioux
Zoé Poche, 2024
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