Louis-René des Forêts
« Si la honte le fait se retourner la nuit,
Chercher le sommeil pour cacher son visage
C’est qu’il voit avec les yeux de la conscience
Celui qu’on disait un garçon intraitable
Revenir juger l'homme qui l’a trahi.
Plutôt plaider coupable qu’en guise de défense
Se prévaloir d'une sagesse acquise.
Le chemin qui va d’hier à aujourd’hui
Semble obscur parfois et si plein de détours
Qu’il n'est guère aisé de s’y reconnaître
Non plus que d’en justifier le parcours
Auprès d'un enfant qui le commence à peine.
Il a beau trembler chaque nuit davantage,
Le cœur n'a pas perdu sa jeune fierté.
Oublie ses défaillances, pardonne-lui
D’avoir tant de mal à battre sans avoir peur
De l’ennemi qui est dans la place et le guette.
Que vienne le jour l’en délivrer, qu’il vienne
Adoucir ce regard d’ange justicier
Où se reflète sa sainte colère d’autrefois
Tournée contre soi infidèle à l’enfance
Et déjà soumis avant même de se rendre. »
Louis-René des Forêts
Poèmes de Samuel Wood
Fata Morgana, 1988