Laure
Un fragment de texte érotique
« Que la vie primitive donne aux êtres la possibilité de l’extase. ».
– décision du crime : « Ses yeux étaient comme des étoiles, on se serait cru à l’église ».
– Le crime accompli : la vengeance et l’amour, sang et sperme.
– « nous sommes au sommet de la montagne », « la montagne nous écrase ».
– rapidité d’un « roman policier », les sentiments et l’analyse psychologique.
– êtres humains, en chair et en os
– continuer
oui : il le faut pour moi et les autres,
pour éclaircir le malentendu
dire tout,
arrêt subit et reprise
sous une autre forme
d’un journal rétrospectif.
* * *
Dernier poème
Je l’ai vue
Je l’ai vue – cette fois je l’ai vue
où ? à la limite de l’aube
et de la nuit
l’aube du jardin
la nuit de la chambre
avec un sourire qui craque
une patience d’ange
elle m’attend
Et je le sais bien
Puis d’une voix lointaine
elle m’a dit
Ah mais non
Tu ne deviendras pas folle
Entends-tu, tu ne te conduiras pas comme cela,
Tu feras ceci et cela. Elle parlait sans que je comprenne plus rien
Je la suivais malgré moi
Dans un froufrou de soie une robe à traîne avec beaucoup de volants qui rebondissaient sur chaque marche.
elle a disparu
brillante bruissante
par un escalier étroit
et délabré
En haut
c’était le rayon d’hommes, des milliers de vêtements
Une pièce toujours fermée, surchauffée
Seule présente vivante
elle
elle parcourait les espaces vides entre les mannequins
portant tous son masque
Laure (Colette Peignot), Écrits
Texte établi par Jérôme Peignot et le collectif Change
Jean-Jacques Pauvert, 1977, rééd., 1985