Tita Reut
Bless
« Dieux vivants plus affreux que les dieux morts
mangeurs de réel
Insoutenables propriétaires
traqueurs de planches où vont tranquillement les pas
La voix touche les petits organes
le poids des cordes et des vessies volume d’un timbre
l’ombre en nous d’un écho – le double son –
cette ombre qui est un mur produit par les boîtes et les crânes
où vient cogner musique matérielle un souffle
sans oxymore notre invisible passerelle
Dieux de la perte absolue
du manque à voir et de l’absence de lire
de la victoire de la victime et du supplice nommés par la bouche du bouc
la tragédie répétée de la guerre
avec les masques bruns ses casques enfouis
ses têtes enfoncées ses yeux cuits dans la boue par l’orage
et le bouillonnement des matières froides sous l’incandescence du contre
Il n’a manqué aux hommes
que l’imaginaire de la mémoire »
Tita Reut
Péronne, la visite des ombres
Dessins de Arman
Dumerchez, coll. Regard, 2004