Jacques Estager, "Je ne suis plus l'absente"
Nous avions quitté Jacques Estager après quelques livre somptueux suivi d’un long silence et voici qu’il réapparait avec ce très beau livre Je ne suis plus l’absente.
On y retrouve d’emblée les thèmes et quelques personnages – si j’ose dire – des livres précédents. Le chaume (bleu) y a sa place naturelle et revient ici comme point d’ancrage d’une syntaxe à nulle autre pareille. Car Jacques Estager à sa place personnelle dans le paysage de la poésie, une place où chaque pierre, chaque rose, chaque ronce, chaque chaume, chaque épi de blé, chaque silhouette, chaque main, chaque ange sont au cœur d’un dispositif de langue qui se renverse sans cesse pour éclairer la nuit qui est déjà la lumière dans la suite des jours.
Depuis son premier livre Une pierre sous la rivière, en 1971, Jacques Estager ne déroge jamais à son entreprise qui pourrait être résumé par ceci page 37 : « et déjà moi je suis transparent sinon je ne suis pas » que pourrait aussi bien prononcer une des voix de Histoire cent. C’est cette entreprise qu’il reprend ici, jamais abandonnée sans doute, plus sereine peut-être, plus sauvage pourtant, où l’auteur plus que jamais est présent paraphant le livre de ce « j’ » qui prend et ouvre toute la place à tous les livres à venir.
Claude Chambard
Jacques Estager
Je ne suis plus l’absente
Lanskine
48 p. ; 10 €
Cette article a paru initialement dans CCP n° 21
Commentaires
"éclairer la nuit qui est déjà la lumière dans la suite de jours" est un des moments d'absolu "commentaire", pour moi LA parole sur la suite du jour de mon livre, et qui dit ce qu'il est et ce qui est à la suite du "j'" non final,
merci Claude ! p't' J'quot
Et depuis, toujours chez Lanskine, *Deux silhouettes, Cité des Fleurs*
C'est bien de voir paraître à nouveau des livres de J'acques Estager, de nombreuses années après ceux parus chez Hachette / POL et à Passage !!!