Julien Blaine, bon anniversaire !
« D’une voix tonitruante et lourde (dont j’ai le secret) le futur spectateur-auditeur entendrait un texte puéril et juste :
La création est le fruit de l’inculte :
Comment celui-ci qui écrit
pourrait-il lire et lire ?
Comment celui-ci qui peint
pourrait-il regarder et regarder ?
Comment celui-ci qui compose
pourrait-il écouter et écouter ?
Comment celui-ci qui bâtit
pourrait-il visiter et visiter ?
Comment celui-ci qui fait
pourrait-il analyser et étudier ?
Comment celui-ci qui crée
pourrait-il considérer et considérer ?
La création est le fruit de l’inculte.
Puis après un silence que je vous laisse imaginer (le public : bourdonnement, bruissement, brondissement, craquètement, gargouillement, gazouillement, gémissement, grognement, grondement, hurlement, vagissement, vociférations, ronron.)
des enregistrements de tous les bruits (voir supra –plus flic ! flac ! floc !–) des enregistrements vrais pris en pleine nature :
de la mer :
vagues,
lames,
tempête…
de la terre :
ruisseau
torrent,
fleuve,
cascade,
chute
du ciel :
pluie,
averse,
orage…
pour renoncer à la barbarie
renouer les débris des chants premiers :
renoncer
renouer
renoner
renoucer.
Alors, alors seulement, j’imiterai le chant de la mer en trois mouvements, le chant de la terre en cinq mouvements et le chant du ciel en trois mouvements. »
Julien Blaine
Du sorcier de V. au magicien de M.
Galerie Roger Pailhas, 1997