Franck Venaille, « Chaos »
« Je crois à la parole rare.
À ce qui protège des mouvements de foule du langage.
Hier ! Demain ! & ce bien étrange aujourd’hui.
Tout cela forme ce que je crains : des figures de carnaval (l’horreur des masques)
Nous sommes un groupe. Nous sommes compagnons de voyage. Nous irons ensemble longtemps je crois.
Mais pour cela il faut que je me force pour oublier la langue du père.
Ici & ailleurs.
J’en ris nerveusement.
Pourquoi faut-il que, dans la version sexuelle de l’amour, on se dévore les bouches ? On aurait
pu imaginer quelque chose de nettement différent ! (plus angélique !)
C’est parce que je crois au langage que je ne puis vous répondre, dit-il.
Dit l’enfant. Celui que nous portons en nous.
Dit encore le-petit-de-la-douleur-première. »
Franck Venaille
Chaos
Mercure de France, 2006