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Pierre Silvain, « Passage de la morte »

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« Elle s’est étendue contre le corps sans vie. Les chants des coqs la réveillent, elle a dû s’assoupir. Le meurtre n’est qu’un cauchemar qui se dissipe avec le retour du matin. Il n’est pas vrai qu’elle a tué son amant. Il dort, n’est-ce pas ? Il va revenir du sommeil où il s’est éloigné et lui parler. Elle le lui demande de toute son âme, humblement, puis comme il ne répond pas, elle l’appelle, en s’écartant de lui. Rien. Le silence. L’immobilité. Alors elle se met à hurler. L’implacable nécessité lui montre ce qu’elle doit faire : cacher l’arme abandonnée sur le lit et quand les gens arriveront, car “ils sentent le meurtre de loin”, trouver une explication. Le suicide de Michel Cantarini est la première qui s’impose, celle que lui dicte son espoir fou d’échapper à la justice des hommes. Comment a-t-elle pu imaginer que c’est cela qu’elle devra déclarer pour s’innocenter ? Le coup tiré par derrière l’accuse sans appel. Elle sera bien obligée, aussi terrible que ce soit, de reconnaître la vérité. Elle prend le revolver, l’applique sur son sein gauche. Paulina Pandolfini survit à son geste, la mort volontaire lui est refusée. »

 

 Pierre Silvain
Passage de la morte — Pierre Jean Jouve

L’Escampette, 2007


 Vingt-septième page pour fêter les vingt ans de L’Escampette

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