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Joël Baudry, « Dimanches, un dimanche »

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La banlieue est un dimanche infinissable

 

 « Le terrain de football ennuie les pieds des sportifs – il détermine une surface précise de mélancolie inavouée non reconnue – il marque des points de repère dans l’effroyable des quotidiens – il finit la journée seul abîmé sous les crampons – encore un dimanche de mort et les sportifs au “Bar du Sport” boivent des anis et s’engueulent.

 

Le mur tient la rue le regard n’a rien à mordre – derrière le mur une bourgeoise famille habite la banlieue – comme souvent en banlieue aucune porte ne trahit le mur – puis à la fin sommes-nous à l’intérieur ou à l’extérieur du crépuscule permanent.

 

Le bistrot s’accoude sur son bar et s’endort le verre à moitié vide pendant ce temps la radio pend le temps.

 

Les jardins n’en finissent pas de se rapetisser autour du cabanon qui en mère poule compte les poireaux les navets et les maraudes – hier un homme a tiré sur un voleur de carottes – un bidon bleu en matière plastique sert de réserve à eau – un panneau précise que le jardin comme tous les jardins de banlieue s’appelle “Pièges”.

 

Sur une aire de stationnement dans une roulotte une femme vend des frites des saucisses et de la bière en boîte : c’est un dimanche vers dix-sept heures trente en banlieue : un homme trempe ses doigts dans une sauce rouge il attend lundi où il n’aura plus rien à attendre. »

 

Joël Baudry

Dimanches, un dimanche
L’Escampette, 2014

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