Armand Dupuy, « Sans franchir »
photographie © jean-marc undriener
« Privilège de la neige où les jours se touchent,
pendus – on ne tient qu’à grand peine ses
pelures, ce tas de temps. On attend dans les
yeux jusqu’à la fonte, on touche autrement.
On récite ce fléchissement, les mains passent,
la tête recule – ce froid, ce blanc. Ce blanc
froid sur tout. Les pensées touchent les autres,
elles reculent. Elles font du blanc ce blanc neuf
et couvert. On peine à venir dans la phrase,
trop vite épuisée. Vite essouflée. On empêche
ce qu’il faudrait poser. C’est une quantité de neige
dans la bouche : l’image vient bête, on s’attarde.
Les pensées se touchent, les jours aussi, les mains. »
Armand Dupuy
Sans franchir
Faï fioc, 2014