Jón Kalman Stefánsson, « Entre ciel et terre »
« Certains poèmes nous conduisent en des lieux que nuls mots n’atteignent, nulle pensée, ils vous guident jusqu’à l’essence même, la vie s’immobilise l’espace d’un instant et devient belle, limpide de regrets ou de bonheur. Il est des poèmes qui changent votre journée, votre nuit, votre vie. Il en est qui vous mènent à l’oubli, vous oubliez votre tristesse, votre désespoir, votre vareuse, le froid s’approche de vous : touché ! dit-il et vous voilà mort. Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé. Peu importe combien il était important, combien il était bon, combien sa volonté de vivre était forte et combien l’existence était impensable sans lui : touché ! dit la mort, alors, la vie s’évanouit en une fraction de seconde et la personne se transforme en passé. Tout ce qui lui était attaché devient un souvenir que vous luttez pour conserver et c’est une trahison que d’oublier. Oublier la manière dont elle buvait son café. La manière dont elle riait. Cette façon qu’elle avait de lever les yeux. Et pourtant, pourtant, vous oubliez. C’est la vie qui l’exige. Vous oubliez lentement, mais sûrement, et la douleur peut être telle qu’elle vous transperce le cœur. »
Jón Kalman Stefánsson
Entre ciel et terre
Traduit de l’islandais par Éric Boury
Gallimard, 2007
Commentaires
"Surpassant tout autre plaisir, cette maîtrise rare de l’écriture, qui nous envoûte par sa puissance poétique et le charme du récit « murmuré » par un scribe à la voix off :
« la mer est d’un bleu froid et jamais calme, un monstre gigantesque qui inspire, nous porte la plupart du temps, mais parfois se dérobe et alors, nous sombrons : l’histoire de l’homme n’est pas si complexe que cela. » (...)"
Ma chronique est ici... http://www.expression-exception.fr/entre-ciel-et-terre--joacuten-kalman-stefaacutensson.html