Lambert Schlechter, « La théorie de l’univers »
« XXXV
la vie est venue et avait tes yeux
j’écrivais ces mots, j’étais si heureux
c’est le jour où le voisin est venu
avec la scie pour couper la glycine
c’est un énergumène hébété
tout bossu d’âme et tout manchot de cœur
c’est une mauvaise herbe qu’on arrache
et qui se décompose à vue d’œil
voici la cascade des métaphores
la chute la culbute le naufrage
CXII
l’Aimée qui ne veut plus être amante
et l’amante qui veut être aimée
c’est une histoire cassée, j’en ramasse
les débris, sans pouvoir les recoller
désir, curiosité — même geste
ouvrir le livre comme ouvrir la femme
grammaticalement ce qu’on appelle
le futur posthume : tu m’auras aimé
un jour d’été sans que je m’y attende
j’ai reçu un avis de désamour »
Lambert Schlechter
La théorie de l’univers, distiques décasyllabiques
Éditions Phi, 2015
Commentaires
Très émouvant dans sa fausse apparence de désinvolture.
bravo lambert et bises d'oppède le vieux.Tu viens quand?