Lu Yu, « Le vieil homme qui n’en fait qu’à sa guise »
« Me lamentant de manquer de vin (74 ans)
nul besoin d’endiguer le Fleuve Jaune,
nul besoin de déterrer les tripodes de la dynastie Chou
je souhaite seulement qu’à la maison le vin coule à flot,
jour et nuit ivre à ne pas m’en réveiller
nul besoin d’une coiffe grande comme une corbeille à vanner les céréales,
je souhaite seulement que mon corps soit robuste et en bonne santé,
et du matin au soir boire sans cesse du vin
la Création peu clémente,
chaque jour me met à l’épreuve,
faisant en sorte que, dans ma coupe en bronze,
des mois durant la poussière s’accumule
en cette vie, lorsque j’ai du vin pour la désinvolture je deviens sans rival
cent rouleaux manuscrits se remplissent comme si le vent et la pluie faisaient rage
la Création voudrait-elle m’embarrasser avec la sobriété,
la folie du vieil homme lorsqu’il est sobre, vous ne la connaissez pas encore »
Lu Yu
Le vieil homme qui n’en fait qu’à sa guise
Poèmes choisis et traduits du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet
Moundarren, 1995, rééd. 2012