Li Po, « Buvant seul sous la lune »
Li Po, portrait imaginaire par Liang Ka, XIIIe siècle
Deux traductions d'un même poème
« un pichet de vin au milieu des fleurs,
je bois seul, sans compagnon
levant ma coupe je convie la lune claire
avec mon ombre nous voilà trois
la lune hélas ! ne sait pas boire,
et mon ombre ne fait que me suivre
compagnes d’un moment, lune et ombre,
réjouissons-nous, profitons du printemps
je chante, la lune musarde
je danse, mon ombre s’égare
encore sobres ensemble nous nous égayons
ivres chacun s’en retourne
mais notre union est éternelle, notre amitié sans limite
sur le Fleuve céleste là-haut nous nous retrouverons
Li Po
Buvant seul sous la lune
Poèmes traduit du chinois par
Cheng Wing fun & Hervé Collet
Moundarren, 1998
&
« Pichet de vin posé parmi les fleurs.
Boire tout seul privé de compagnon.
Levant ma coupe, je salue la lune
Nous sommes trois : elle mon ombre et moi.
La lune cependant ne sait pas boire
L’ombre non plus qui m’a toujours suivi.
Mais buvons à mon ombre et à la lune
C’est l’éphémère joie de ce printemps.
J’entonne un chant – la lune suit mon rythme
Je danse l’ombre danse au même pas.
L’éveil et la joie pure d’être ensemble.
L’ivresse dissipée chacun se quitte.
Errants à tout jamais liés et seuls
Les retrouvailles dans la Voie lactée. »
Ombres de Chine
Douze poètes de la dynastie tang (680-870) et un épilogue
Choix, traduction et commentaire André Markowicz
Inculte / dernière marge, 2015