Ishikawa Takuboku, « Une poignée de sable »
« Tôt ce matin
écrite par cette jeune sœur qui a déjà passé l’âge de se marier
j’ai lu une lettre qui ressemblait fort à une lettre d’amour
Que quiconque la lisant
ne puisse m’oublier
telle est la longue lettre que je voulais écrire ce soir
Grondé
un cœur d’enfant éclate en sanglots
Tel est le cœur que je voudrais avoir
Comme une bête malade
mon cœur
dès qu’il entend parler du pays s’apaise
Souffrance de l’errance que je n’aurai su rendre
dans ce brouillon dont l’écriture
m’est si pénible à relire !
Quelque part
traîne comme une odeur de peau de mandarine brûlée
voici le soir
Venu dans ce parc un jour de beau temps
en marchant
j’ai pris conscience du déclin tout récent de mes forces »
Ishikawa Takuboku
Une poignée de sable
Traduit du japonais par Yves-Marie Allioux
Philippe Picquier, 2016