Tarjei Vesaas, « L’incendie »
DR
« Puis, ce fut la rosée du soir qui tomba.
Celui qui avait été brûlé par Dieu sait quel incendie et cherchait un refuge vers un cours d’eau rafraîchissant, se trouvait, avant même d’être parvenu jusque-là, pris dans cette rosée qui tombait. Atteint à chaque endroit dégagé. Avant chacun des pas qu’il faisait dans l’herbe penchée.
Personne ne voit quand ça commence. Maintenant, c’était partout. L’herbe sauvage des clairières s’ouvre à la tombée de la rosée qui arrive comme pour rafraîchir de petites soifs. Le ciel ouvert et limpide, le sol caché tout en bas se rencontrent aux clairières de la forêt et dans les terrains… cela fait une rosée gris perle dans l’herbe sombre. L’obscurité est trop dense pour qu’on le voie, mais on le sait. On reste immobile et on le sent. On a de la rosée sur les épaules, sur les cheveux.
Sorti tout droit de l’incendie pour pénétrer dans cela.
Qu’est-ce qui est vrai ?
Ou presque vrai ?
Jon enfonce ses mains ouvertes dans le feuillage des buissons qu’il sentait près de lui. Ruisselants de rosée, elle était tombée comme il faut cette nuit-là. »
Tarjei Vesaas
L’incendie
Traduit du nynorsk (néo-norvégien) par Régis Boyen
Postface d’Olivier Gallon
La Barque/L’œil d’or, 2012 (1ère éd. Flammarion, 1979)