Antoine Emaz, « En deçà »
© : Régis Nardoux
Pâle
« au bout du jour
il n’est pas grand-chose à quoi
peuvent s’accrocher les doigts
dans un silence de chair remuée
vive
le plus souvent on s’est tenu
à la surface des gens ou des choses
avec en dedans
un grand désir
muet
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les êtres s’échappent
d’autres amis remplacent les morts
on est toujours là
peut-être un peu plus lourd de souvenirs
pour personne
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hommes sans cesse
très vite disparaissant
dans la terre sans livres
tant de terre et tant d’hommes
remués
si longtemps
sans faire d’histoire
décisive
on ne crie plus guère
on veille parmi les livres
lorsque les mains sont vides
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l’élargissement viendra
du dedans
s’il doit venir
pour l’heure
on aménage l’espace restreint
et sous les livres
on arrive à ne plus voir les murs
ainsi
à l’étroit dans ce qui est possible
on est
débout
encore
on dure »
Antoine Emaz
Poème d'une énergie contenue in En deçà
Fourbis, 1990