Joseph Guglielmi, « Le mouvement de la mort »
Sans titre, 1977 © Thérèse Bonnelalbay, Galerie Christian Berst
« clandestin de cette nuit
je n’habite nulle part,
la source de vent tarie
du sang triste un temps de pluie
Deux oiseaux sur une lune.
Un chien mâche la prairie
Un poème sur le mur
avec le mur immobile.
Qui lira les mots minutes
Carré le fleuve soleil
et la mer dans la vitrine ?
le corps creuse dans la mort
comme une statue de sel
pliée sa gorge de sel
Lune rouge bisaëule
ointe pour le sacrifice,
Vermine du faux garden
ou du livre de raison.
Ici que le néant ronge
souvenir d’un corps vivant.
Te roule un puissant dictame,
quelque souvenir de noces
cette éclipse somptuaire !
La toute fillette impure
avec jambes de gazelle
Montagnes aromatiques
en miracle du mois doux.
Compter ces podes antiques
Samedi un feuillet neuf.
Au square le dieu muet
silencieux comme une flûte.
Les chiures des maisons
et poussières de murmures.
Que c’est toujours samedi,
un vol éclair d’hirondelles
sur la pensée régulière.
Puis on oublie désespoir
(entre le vrai et le faux)
la détente de la mort.
Au doigt ce mamour tremblant. »
Joseph Guglielmi
Le mouvement de la mort
P.O.L, 1988
Joseph Gulielmi, né à Marseille en 1929, vient de disparaître.
Le dessin est de Thérèse Bonnelalbay, qui fut son épouse de 1959 à sa mort – dans la Seine – le 16 février 1980.