Peter Gizzi, « Chansons du seuil »
Stéphane Bouquet & Peter Gizzi, lecture à Double Change, le 29 mai 2012
https://www.youtube.com/watch?v=wGBbgC4jzjI
« CLAIR DE LUNE & VIEILLES DENTELLES
d’après Blakelock
Et quand je suis mort
j’ai rejoint un clair de lune peint
vers la fin du XIXème.
Me voici
clignant des yeux dans les verts, les violets.
D’abord un mirage gloussant
de crépuscule et de peinture.
Invasion de joie.
Une couronne de lucioles
à l’huile blanche autour de moi.
Lanterne japonaise.
Mais tant bien que mal
ce qui quand on est mort
prend une éternité je commence
à m’installer dans la picturalité
et la grâce vive
des touches légère de lune
et la vraie profondeur
de ce clair de lune.
Argent et vieilles dentelles
leur relation à la musique
tous penchés sur la miroir de la nature.
Mais le centre vide
de traces blanchâtres
son air indélébile
arctique et tranchant
me transperce.
Je ne suis pas plus
vivant qu’une toile.
Pas plus mort que vivant.
À qui sont ces vents qui divaguent ?
Quelle mesure sans grâce
se déroule à mes pieds ?
Parle monde
foudroie et brûle
illumine ton caprice
qu’accroissaient ces instants.
Je sais qu’il y a un monde
là-bas devant. »
Peter Gizzi
Chansons du seuil
Traduit de l’anglais (États Unis) par Stéphane Bouquet
« Série américaine », Corti, 2017