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Qin Guan, Deux poèmes

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« AUX CONFINS DU CIEL, LOURDE DE CHAGRINS PASSÉS…

 

 Air : « Les Magnolias. Version abrégée ».

 

Aux confins du ciel, lourde de chagrins passés,

Seule, glacée, misérable, et nul ne s’enquiert de moi,

Je voudrais dévoiler mon cœur aux mille tourments brisé,

Comme se brise le parfum des fines écritures* hors l’encensoir doré.

 

Mes sourcils de jais si souvent froncés

Qu’un vent de printemps ne peut même détendre ;

Lasse, appuyée dans un pavillon haut perché :

Une grue qui s’enfuit dessine trait après trait ma peine…

 

SUR LA BRANCHE UN LORIOT AUX MÉLODIES INCESSANTES…

 

Air : « Ciel de perdrix »

 

Sur la branche un loriot aux mélodies incessantes qui s’accordent à mes larmes,

Traces de pleurs nouvelles ajoutées aux anciennes.

Tout le printemps, les carpes et les oies sauvages n’ont porté nulle lettre** ;

Séparée par les passes et les monts sur mille lis, mon âme, hors d’elle, en songe s’épuise.

 

Muette, face aux coupes parfumées,

Je prépare mon cœur qui se brise au crépuscule qui vient.

Je viens juste d’allumer les lanternes,

La pluie frappe les fleurs de poirier, et je ferme à fond les portes. »

 

* les fines écritures (litt. « la petite sigillaire ») désignent les volutes qui s’échappent du brûle-parfum.

** les anciens Chinois croyaient que les carpes et les oies sauvages étaient des messagers.

 

Qin Guan (1049-1100)

« La dynastie des Song du Nord — 960-1127 »

Textes traduits, présentés et annotés par Stéphane Feuillas

Anthologie de la poésie chinoise

La Pléiade, Gallimard, 2015

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