Lu Yu, « Sous la lune buvant légèrement »
Haruki Nanmei, Portait de Lu Yu, XIXe
« hier tout autour de l’auvent, la pluie
face à la lampe solitaire je me grattais la tête
cette nuit, le clair de lune plein la cour,
je chante longuement adossé au saule dépouillé
les changements du monde sont immenses, infinis
de la réussite à l’échec un revers de la main
dans la vie d’un humain la chose la plus heureuse est,
allongé, d’entendre qu’on presse le vin nouveau
depuis mon retour de Cheng-tu,
je me lamente de voir parents et amis dépérir
nombre d’entre eux sont déjà inscrits sur le registre des morts
mais qui pourrait vivre éternellement ?
les jeunes pour la plupart je ne les connais pas
nul ne consent à avoir des égards envers le vieillard décrépit
une coupe, personne avec qui la partager
je vais frapper à sa porte pour appeler mon vieux voisin »
Lu Yu – 1125-1210
In L’Art de l’ivresse
Poèmes chinois traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing Fun
Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel, 2014