Dorothée Volut, « Poèmes premiers »
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« Parfois une journée à vivre vaut mieux qu’un poème.
Écrire le soir après avoir rangé sa barque, suffit.
Je comprends tout ce que tu dis sans le voir,
à cause de ta présence contre laquelle tu ne peux rien.
Alors, ne peux rien, ne peux rien.
Ne fais pas de la vie un puzzle, car elle ne l’est pas.
On dirait que tu demandes :
pourquoi y a-t-il une table et nous réunis autour.
Le jour où tu auras une vache pour te répondre, je te le souhaite.
Si parler c’est pour autre chose,
alors vivre c’est pour quoi à la place ?
Le soir, le poème est dans l’air avec tous nos problèmes.
C’est peut-être exagéré de le dire comme ça,
mais j’aimerais tellement faire quelque chose de différent
pour t’aider à comprendre.
Tu sais, je n’amenuiserai jamais la source.
Revenue vers les balles de foin, quand il me faut fermer la serre,
enrouler le tuyau, bloquer la porte avec une pierre
et que j’aperçois au bout du tunnel
le troupeau des montagnes en ombres chinoises,
je me sens tricotée par deux grandes aiguilles
d’une laine enfantine. La terre me porte.
Quelle forme prendra la parole, si je ne sais pas la dire ?
Métaphysique, répond la marchande.
Eh bien alors, fais-le. »
Dorothée Volut
Poèmes premiers
Éric Pesty éditeur, 2018