Po Chü-i, 3 poèmes sur la vieillesse
« Sur la vieillesse, envoyé à Meng-té*
Nous voici tous les deux dans la vieillesse.
La vieillesse comment la définir ?
On voit trouble on se couche le premier
Parfois on sort on s’appuie sur sa canne
Sinon on est cloîtré à la maison.
On se détourne d’un miroir trop neuf
On ne lit plus que les gros caractères.
On pense aux vieux amis de plus en plus
On ne fait rien de ce que font les jeunes.
Une passion nous reste – bavarder
On s’y adonne quand on se retrouve.
* Meng-té est le deuxième nom d’un des amis les plus proches de Po Chü-i, Liu Yü-xi (772-842)
Ému par ma vieille barque de Suzhou*
Les poutres peintes se sont abîmées
et la fenêtre rouge tient à peine.
Je reste assis au bord de mon bassin
je le regarde du matin au soir.
La barque de Suzhou que je gardais
a eu le temps elle aussi de pourrir.
Si nous en sommes là par quel miracle
mon corps pourrait-il être mieux portant
* Po Chü-i avait été victime d’une attaque cérébrale qui l’avait laissé à moitié paralysé
Fin de l’année
Fin de l’année vieil homme aux cheveux blancs
Ses compagnons – neuf sur dix dans la tombe.
Tant pis son corps malade il le supporte
C’est mieux que pas de corps à supporter. »
Po Chü-i (Bai Juyi) – 772-846
in Ombres de Chine
« Douze poètes de la dynastie Tang (680-870) et un épilogue »
Choix, traduction et commentaires : André Markowicz
Inculte / Dernière marge, 2015