Jim Harrisson, « Notre anniversaire »
DR
« Je désire retourner dans cette vieille ferme délabrée
par un froid matin de novembre pour y manger des
harengs à l’aube sur la toile cirée de la table, le beurre
dur effrité en éclats sur le pain de seigle, du beurre
maison doré. Remplis le panier de bois, Jimmy.
Crème grumeleuse dans le café, le poêle à bois
siffle et craque. Dehors c’est la plus forte gelée
de l’année, mais les talons s’enfoncent jusqu’à la terre.
Une ferme meurt en hiver, tu as envie d’aller en forêt.
Dans la grange l’odeur du crottin et du foin encore
vert envahit tes narines, et celle du lait dans les seaux
en métal, Grand-papa trait la dernière des sept vaches,
tire sur leurs pis semblables à des bites,
un sourire aux lèvres pour le chat de la grange.
Ma petite amie en aime un autre, à douze ans
c’est comme si tous les arbres étaient morts.
Soixante ans plus tard sept colibris à la mangeoire,
vaches miniatures sirotant du sucre liquide.
Cinquante années partagées. Les arbres sont toujours là. »
Jim Harrisson
« Nouveaux poèmes », 2010
in Une heure de jour en moins
Poèmes choisis 1965-2010
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent
Flammarion, 2012, réédition J’ai lu, n°11972, 2021
Commentaires
Merci pour ce nouveau partage. N'est-ce pas un peu vous qui vous cachez derrière cette envie de retour dans cette ferme délabrée ?
Mes respects,
GF