Hans Magnus Enzensberger, « Pour Max Sebald »
« Lui qui nous était proche,
semblait venu de loin
dans l’amère patrie.
Ici, bien peu de choses le retenaient.
Rien que la recherche de traces,
au moyen d’une baguette de sourcier faite de mots,
qui tressaillait dans sa main.
À travers les terres brûlées et les sites funéraires
il l’a traquée, cette patrie,
jusque dans sa folie furieuse
sur la lande du Suffolk.
Is this the promis’d land ?!
L’obscurité fort tôt était tombée,
pourtant il persévérait,
impavide au milieu de
tous les cauchemars, allant
par un chemin difficile.
Que la poussière lui devint légère,
seuls trois vers nous le disent :
Ainsi je glissais sans un bruit,
bougeant à peine une aile,
très haut au-dessus de la terre… »
Les mots en italique sont de W.G. Sebald, extraits de « La sombre nuit fait voile », in D’après nature. Poème élémentaire, traduit de l’allemand par Sybille Muller et Patrick Charbonneau, Actes Sud, 2007
Hans Magnus Enzensberger
L’Histoire des nuages – 99 méditations
Traduit de l’allemand par Frédéric Joly, avec le concours de Patrick Charbonneau
Préface de Jean-Jacques Schuhl
Vagabonde, 2017