Louise Glück, « Les lys blancs »
Alors qu’un homme et une femme plantent
un jardin entre eux comme
un lit d’étoiles, ils sont là
à s’attarder un soir d'été
et le soir se
refroidit de leur terreur : tout ça
pourrait prendre fin, il est capable
de tout dévaster. Tout, tout
peut disparaître, à travers l’air embaumé
les colonnes étroites
s’élèvent inutiles, et au-delà,
une mer déchaînée de coquelicots —
Chut, mon amour. Peu m’importe
le nombre d’étés qu’il me faut vivre pour revenir :
cet été, nous sommes entrés dans l’éternité.
J’ai senti tes deux mains
m’enterrer pour libérer sa splendeur.
Louise Glück
L’iris sauvage
Traduit de l’anglais (États-Unis) et préfacé par Marie Olivier
Bilingue
Gallimard, « Du monde entier », 2021
Pour saluer Louise Glück,
née le 22 avril 1943 à New York et morte le 13 octobre 2023.