Gustave Roud, « Cahier 1935, extrait III »
Gustave Roud, Robert, 1940
Bord de ruisseau, 2 septembre
assis sur une pierre glacée, avec le babil de l’eau — qui chuchote et gargouille de la gorge, sur plusieurs registres superposés, des timbres de basse et de ténor des chuintements qui s’amusent d’eux-mêmes, récitatif multiple intarissable — et fraternel soleil à travers les feuilles ; la menace d’orage sous les frênes se dissipe à force de fraîcheur cachée et de jeux paisibles de soleil et d’ombre. Causerie au pré du moulin tout à l’heure avec Robert et un ouvrier nu. Joli chargement d’un énorme char d’herbe tendre. Je prends des photos et essaie d’organiser d’autres prises. Ah tout essayer avant l’automne et l’hiver. J’ai vu pendant ces deux jours de pluie quel prix prenaient tout de suite quelques images de l’été.
Hier, long dimanche à la maison ; seul tout l’après-midi, avec la présence réelle du jardin.
Gustave Roud
Petites notes quotidiennes (ou presque) — journal 1933-1936
Préface de Pierre Bergounioux
Zoé Poche, 2024