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Je déballe ma bibliothèque - Page 18

  • Emmanuel Hocquard, Raquel, « Du 1er janvier »

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    « Les champs décolorés et la chaleur aussi paraissaient sans limites.

     

     

    Sans violence. Jour après jour. Fixant la contrée dans ses habitudes et son isolement.
    Comptant les pas.

     

     

    C’est un murmure loin de l’été.

     

    Dans le froid, un petit feu qui réchauffe mal.

     

     

    Quand on va tomber de sommeil, le silence sépare du peu de bruit que font ceux qui parlent.

     

     

    Le costume lui-même devient un accident.

    Une étendue vide en forme d’arc-en-ciel.

     

     Emmanuel Hocquard

    Du 1er janvier

    avec une gouache de Raquel

     200 exemplaires sur vélin d’Arches, tous numérotés.

    Exemplaire n° 41, avec un envoi

     Orange Export Ltd, 1980

  • Michaël Glück, Anik Vinay, « Tour Aurore, place des Reflets »

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    I
    quai d’une gare

    l’attente d’un train

    la patience minutieuse

     

    les pas

    le long le large

    la geste des voyageurs

     

    les talons hauts

    près des valises

     

     

    VII

     

    la destination

    l’adresse de la langue

     

    une flaque d’eau

    un nuage entre les rails

    j’attends

     

    tu es là dans le jour »

     

    Michaël Glück

    Tour Aurore, place des Reflets

    avec une gravure d’Anik Vinay

    130 exemplaires numérotés et signés. Achevé d’imprimer en juillet 1987 par l’Atelier des Grames, 9e titre de la collection « Les Florets » animée par Gil Jouanard. Exemplaire : 35

    Atelier des Grames

     

  • Maurice Roche, Philippe Sollers, « Correspondance complète »

    J’ouvre aujourd’hui une nouvelle rubrique que j’intitule, en hommage à Walter Benjamin : Je déballe ma bibliothèque. On y trouvera quelques extraits et une image des livres rares que je range dans une grande bibliothèque noire et vitrée.

     

    roche.jpeg

     

     

    « Cher Roche,

    “Si la pierre tombe sur l’œuf,

    malheur à l’œuf.

    Si l’œuf tombe sur la pierre,

    malheur à l’œuf.”

    (Proverbe bulgare)

    Philippe Sollers

     

     

    Cher Sollers,

    “Quand on pédale dans le yaourt, on fait son beurre.”

    (Autre proverbe bulgare)

    Maurice Roche »

     

     

     Maurice Roche, Philippe Sollers

    Correspondance complète

    achevée d’imprimer le 31 décembre 1986 à 33 exemplaires  sur Pur Chiffon du Moulin de Larroque numérotés, ainsi que quelques H.C. Exemplaire : H.C

    Éditions Unes

  • Thomas Bernhard, « Maîtres anciens »

    39126115.jpg« Le monde et l’humanité sont parvenus à un état infernal auquel le monde et l’humanité n’étaient encore jamais parvenus au cours de l’histoire, voilà la vérité, voilà ce qu’à dit Reger. En fait, c’est positivement idyllique, tout ce que ces grands penseurs et ces grands écrivains ont prophétisé, a dit Reger, tous tant qu’ils sont, bien qu’ils aient estimé avoir décrit l’enfer, n’ont tout de même décrit qu’une idylle qui, comparée à l’enfer dans lequel nous vivons aujourd’hui, a été une idylle positivement idyllique, voilà ce qu’à dit Reger. Tout ce qu’on trouve aujourd’hui est rempli de grossièreté et rempli de méchanceté, de mensonge et de trahison, a dit Reger, jamais l’humanité n’a été aussi impudente et perfide qu’aujourd’hui. Où que nous regardions, où que nous allions, nous ne voyons que méchanceté et bassesse et trahison et mensonge et hypocrisie et jamais rien que l’abjection absolue, peu importe ce que nous regardons, peu importe où nous allons, nous sommes confrontés à la méchanceté et au mensonge et à l’hypocrisie. Que voyons-nous d’autre que mensonge et méchanceté, qu’hypocrisie et trahison, qu’abjection la plus abjecte lorsque nous sortons ici dans la rue, lorsque nous nous hasardons à sortir dans la rue, a dit Reger. Nous sortons dans la rue et nous entrons dans l’abjection, a-t-il dit, dans l’abjection et dans l’impudence, dans l’hypocrisie et dans la méchanceté. Nous disons, il n’y a pas de pays plus menteur, pas de plus hypocrite et pas de plus méchant que ce pays, mais quand nous sortons de ce pays ou que nous regardons seulement au-delà, nous voyons qu’en dehors de notre pays, aussi, seuls la méchanceté et l’hypocrisie et le mensonge et l’abjection donnent le ton. Nous avons le gouvernement le plus répugnant qu’on puisse imaginer, les plus hypocrite, le plus méchant, le plus grossier et en même temps le plus bête, disons-nous, et naturellement ce que nous pensons est juste, et nous le disons d’ailleurs à tout moment, a dit Reger, mais lorsque nous regardons en dehors de ce pays abject, hypocrite et méchant et menteur et bête, nous voyons que les autres pays sont tout aussi menteurs et hypocrites et, tout compte fait, tout aussi abjects, a dit Reger. »
     
    Thomas Bernhard
    Maîtres anciens
    Traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs
    Gallimard, coll. Du Monde entier,  1998, rééd. Folio n° 2276, 1991