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Poésie - Page 8

  • Gustave Roud, « Ô mère… »

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    « Ô mère, c’en est fini de ces questions remâchées au long des ans, dans l’usure de toute résignation, comme une herbe d’amertume.

    Ô mère, un oiseau m’a donné la seule réponse. De deuil en deuil, il a fallu toute une vie, toute ma vie pour recevoir enfin ce don immérité : le secret qui va nous joindre.

     

    Ô mère, écoute : il n’y a plus d’ailleurs. »

     

    Gustave Roud

    Requiem

    Payot, 1967 – actuellement disponible dans la collection Mini Zoé

     

    pour le 20 février 1926

  • Gustave Roud, « Le rameau de cerisier »

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    Fenêtre à Carrouge, photographie de Gustave Roud

     

    « Nos années, l’une après l’autre, élèvent autour de nous un palais de miroirs profonds, la source d’une grandissante féérie. Chaque cycle de saisons laisse en nous sa trace – qui diffère de toutes les autres et compose avec elles un accord toujours plus riche : est-il impossible d’imaginer une longue vie devenue si chargée de ces résonances temporelles qu’elle soit, dans une certaine mesure, victorieuse du temps lui-même ? Chaque instant nouveau (et périssable) éveillant à travers la mémoire les instants semblables qui le précédèrent, l’homme écouterait sans fin (au cœur d’une sorte de Présent perpétuel et magique) vibrer ensemble les harmoniques de son passé.

    Ce rameau de cerisier sauvage qu’avril une fois encore jette au milieu de nos glaces imaginaires, cette petite chose nue et pure comme une seule note très limpide, tue aussitôt que chantée, mille échos temporels s’en emparent et l’orchestrent. De trois corolles les jeux du souvenir font naître un arbre immense, un orage de pétales, d’abeilles et d’odeur. Celui qui suffoque enfin sous le délice de cette floraison spirituelle faut-il lui reprocher comme un crime la pensée qui le hante, née sournoisement d’une attente jamais lasse. “Il faut que l’herbe et la fleur des champs soient fauchées et se flétrissent pour être sauvées par l’homme. C’est lorsqu’une chose n’est plus qu’elle commence à exister pour lui : l’absence, condition de la possession véritable, le périssable, substance de l’éternel”. »

    Gustave Roud

    Les fleurs et les saisons

    Photographies de l’auteur

    Édition préparée et postfacée par Philippe Jaccottet

    La Dogana, 1991

    https://ladogana.ch/les-fleurs-et-les-saisons

  • Gustave Roud, « Le bois-gentil »

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    photogramme du film de Michel Soutter, Gustave Roud, poète, 1965

     

    « Un petit arbuste aux lisières des forêts, aux pentes des ravins, parmi les broussailles des clairières, dans les jeunes plantations de hêtres et de sapins. Mais pour le promeneur d’avant-printemps, qui se repose sur la souche humide et ronde, couleur d’orange, des fûts fraîchement sciés, ce n’est tout d’abord qu’une gorgée d’odeur aussi puissante qu’un appel. Il se retourne : là, parmi le réseau des ramilles, à la hauteur de son genou, ces deux ou trois taches roses, d’un rose vineux, le bois-gentil en fleur ! Qu’il défasse délicatement les branches enchevêtrées, qu’il se penche sur l’arbrisseau sans en tirer à lui les tiges, car un geste brusque ferait choir les fleurs rangées en épi lâche, par petits bouquets irréguliers à même l’écorce lisse d’un gris touché de beige. Chacune, à l’extrémité d’une gorge tubulaire, épanouit une croix de quatre pétales charnus, modelés dans une cire grenue et translucide, dont les étamines aiguisent le rose, au centre de la croix, d’un imperceptible pointillis d’or. Et de chacune pleut goute à goutte ce parfum épais et sucré comme un miel où chancelante encore de l’interminable hiver s’englue irrésistiblement la pensée.

    Mais qu’il tienne couteau en poche, celui qui voudrait cueillir le bois-gentil ! À tenter de le rompre avec ses seuls doigts, il ne parvient qu’à déraciner toute la plante ou sinon, c’est une baguette nue qui lui reste dans la main, avec des lanières de tenace écorce déchirée et leur odeur vireuse, comme celle de certains champignons mortels.

     

    Gustave Roud

    Les fleurs et les saisons

    Photographies de l’auteur

    Édition préparée et postfacée par Philippe Jaccottet

    La Dogana, 1991

    https://ladogana.ch/les-fleurs-et-les-saisons

  • Un présent,

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    © : cchambard

     

    pour mon merveilleux filleul Valère,

    ce 12 décembre 2020

     

    Un présent, enveloppé dans un papier d’hier, que l’on utilisera demain, un présent, c’est l’enfance qui revient, c’est un jour sans brouillard, une soupe sans caillou, de la neige à Noël — Pâques aux tisons, Noël au balcon —, c’est dormir tout habillé & se réveiller frais comme un nouveau baptisé, s’endormir comme un saint & se réveiller comme un diable, un présent c’est une promenade au bord du canal, sa petite main dans une bien large & rassurante, croiser péniches & boulonnais sans changer d’époque, cueillir des fruits mûrs sur des arbres généreux de toute éternité, c’est le texte bienvenu avant même d’avoir été écrit

     

    Claude Chambard

    inédit, extrait de Un matin, en cours

  • Je rêve de trouver, un matin…

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    Shi Tao, vers 1700

     

    pour fêter l’anniversaire de mon ami Tristan Hordé,

    ce 6 décembre 2020

     

    Je rêve de trouver, un matin, le journal intime du merle & à l’hiver celui de son ami le rouge-gorge – le rossignol chante trop pour avoir le temps de noter quoi que ce soit, il est déjà ivre de lui-même –, ce serait comme un voyage au monastère du Dragon Bleu, le style en serait leste & sans mauvaise contrainte, dix mille mots y bâtiraient quelques phrases essentielles, je ne divulguerais rien, même sous la torture, comme il est d’usage de dire, le merle est un frère des coteaux du sud, le rouge-gorge des coteaux du nord, leurs journaux, ceux qui m’intéressent, disent les embuscades & les tranquillités du jardin & des forêts de la Chique

    Claude Chambard

    inédit, extrait de Un matin, en cours

     

  • Un matin, dévaler encore…

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    pour fêter l’anniversaire de mon ami Lambert Schlechter,

    ce 4 décembre 2020

     

    Un matin, dévaler encore, la page & la vie, descendre le pichet de vin du vieux Li Po avec l’ami Shen Fu, toujours boire avec un compagnon & chanter avec lui dès que la lune se lève pour égayer le ciel sans limite comme l’amitié, loin de notre pays natal, vieux camarade, nous essayons de ne pas laisser la tristesse nous envahir, il fait frais, allumons le vieux poêle, le cœur est voyageur, d’est en ouest, de rivière en rivière, cette douceur de vivre près des vignes, tout à côté des forêts, nous avons marché longtemps, songeant à nos amis éparpillés qui sont enfin rentrés chez eux, nos livres se confondent, c’est la voix qui est l’identité du poème

    Claude Chambard

    inédit, extrait de Un matin, en cours

  • Bernard Noël, « La chute des temps »

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    Bernard Noël, 27 novembre 2010, bibliothèque Mériadeck, Bordeaux ©CChambard

    Ritournelles 11, Le corps écrit. 

     

     

    […] l’avenir n’est pas un jour plus un jour

    il est maintenant

                        oh dis-je

    si tu ne veux pas de moi

    le toi ne pourra te revenir

    pas plus que ton image de moi

    ne pourra sortir de toi

    nul n’est en soi hormis les anges

    ton image criera en moi

                                oh injuste

    injuste et mon souffle emportera

    le visage qui sur ton visage était

    la beauté de mes yeux

    et il restera tout à dire encore

    de notre vivant puis tu marcheras

    sur mon ombre poussant

    du pied ce petit tas de mots

    le désir

               le désir fut ce glissement

    vers l’immédiate éternité

                                le cœur

    battant le venir battant

    pour que la forme du présent

    soit la même que ce battement

    quel amour les pierres blanches

    autour du lit et l’air

    entre les doigts coulant

    un silence la peau de l’œil

    fraîche les mains cousant

    une lumière

                   je n’écrirai plus

    disais-je et tu me répondais

    il faut que vive de nous

    ce qu’aucune peau ne protège

    et qui n’a pas même de chair

    pour en mourir […]

     

    Bernard Noël

    La chute des temps

    Textes/Flammarion, 1983, réédition Poésie/Gallimard, 1993

     

    Aujourd'hui Bernard Noël a 90 ans. Bon anniversaire Bernard.
    Dédicace spéciale à Sophie, depuis 1973.

  • Pascal Quignard, « Sur le caractère garamond dans lequel est composé ce livre »

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    Emmanuel & Pascal lisant Inter aerias fagos, le 17 mars 2011, à la Maison cantonale de Bordeaux-Bastide, à l’initiative de Permanences de la littérature. Photo © Claude Chambard

     

     

    « Claude Garamond possédait une très étroite maison sur la rive gauche de la Seine. L’entrée de la maison donnait rue des Grands-Augustins. Mais l’avancée en bois du balconnet finement sculpté et ouvragé de la maison surplombait l’eau. On a conservé une gravure. C’est plutôt un bois gravé. On y voit un saule, des aulnes, une barque noire, une berouette, des barriques. Tournait-il les yeux vers l’est, il voyait les flèches délicieuses de la Sainte-Chapelle que le roi Saint Louis avait fait bâtir dans le jardin fruitier de son palais. Il avait une brouette à deux roues à l’aide de laquelle il longeait la rivière jusqu’à sa boutique. Il était tailleur et fondeur de lettres. Il vendait les lettres de plomb qu’il avait dessinées rue Saint-Jacques, à l’enseigne des Quatre Fils Aymon. Ce fut durant le mois de novembre 1540 qu’il creusa les grandes “lettres grecques du roi”. Les romaines sont d’avril qui suit. C’est dans ce caractère romain de la Renaissance que je faisais composer mes livres pour peu qu’on me permît de choisir mon corps. Emmanuel Hocquard les assemblait patiemment à la main. Il glissait l’étrange tiroir au-dessus du feuillet blanc dans la machine d’imprimerie à bras. Durant tout le mois de novembre 1971 je pesai sur ce bras quand mon ami m’en donnait, de sa voix sourde et empâtée, que j’aimais plus que tout, dont j’aimais l’émotion plus que tout, le signal. La lettre, tel est le veilleur ultime sur la nature du langage. Elle en surveille avec méfiance, avec la plus grande méfiance possible, les pouvoirs qu’elle lui retire. Elle anéantit jusqu’au son qui le fit apparaître en sorte de seulement l’évoquer et de désadresser. On la lit sans bouger les lèvres. Le signe vide, une fois écrit, qui éteint tout dans l’absence, qui ajoute à la langue un silence qui n’appartient en rien à son essence, est le medium du soir. Le medium extrême, obscur, eschatologique, qui dit la fin de tout. Le medium vespertinal qui se fond peu à peu au silence de la nuit stellaire. Il est mort. Mon ami Emmanuel Hocquard est mort dans les congères au-dessus de Tarbes, le matin du dimanche 27 janvier 2019, dans la montagne entièrement prise de glace. »

     

    Pascal Quignard

    L’Homme aux trois lettres

    Grasset, 2020

     

    Je rencontre Emmanuel Hocquard, chez Mathieu Bénézet, en 1979. L’année suivante, nous avons le projet Mathieu et moi de publier un livre hommage à Thérèse Bonnelalbay, dont on vient de retrouver le corps dans la Seine. Mathieu écrit Résumant ma tristesse dans les mois qui suivent. Nous songeons à Raquel pour faire le travail au noir du peintre. Dès lors je me rends à Malakoff où Raquel et Emmanuel vivent. Dans la cour, quelques écrivains bavardent. Pascal Quignard en est que je lis déjà depuis ses premiers textes dans L’Éphémère. Voilà.

    Nous avons, Sophie et moi, composé à la main en Garamond, et imprimé sur nos presses, le livre de Mathieu & Raquel à 44 exemplaires, sur Japon Nacré & vélin de Rives, en mars 1982. Emmanuel et Pascal sont toujours mes amis, à travers le temps, la distance… Lire ce texte de Pascal sur son – nôtre – ami, au cœur de L’Homme au trois lettres, me bouleverse. Aujourd’hui Pascal aurait du être à Bordeaux, la pandémie s’est interposée. « De quoi témoigne le témoin ? / De rien qu’il sache. »

  • Ryôichi Wagô, « Jets de poèmes, dans le vif de Fukushima »

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    « […]

    mon pays natal est un crépuscule

    5 avril 2011- 22:25

     

    sur la colline de chair     se dresse un château     solide     il ne s’endort jamais     sous la lumière de la lune il se fait imposant     au soleil du matin     son allure est gracieuse

    5 avril 2011- 22 :31 

     

    d’innombrables oiseaux     volent vers nous     amenant la saison nouvelle     les canons tonnent     annonçant la fin d’une époque     mais derrière les murailles du château     rien ne change

    5 avril 2011- 22 :33

     

    quand je lève la tête     le célèbre château     dresse haut son donjon     comme s’il régnait sur le monde entier     comme s’il poussait un cri     immobile     dans les flammes de l’invasion du temps     inébranlable

    5 avril 2011- 22 :35

     

    moi qui suis à la fois le seul maître et le serviteur    dans les galeries sombres     je dégaine mon sabre     comme un possédé     je le brandis     le jour     où je serai chassé du château     approche inévitablement

    5 avril 2011- 22 :38

     

    ah     c’est effroyable     tranche l’air     mets-le en charpie    nous sommes seuls au monde     toi ô toi     tu dois protéger le château     toi ô toi     tu dois être toi-même jusqu’à la folie

    5 avril 2011- 22 :40

     

      

    enfant qui vas à travers les prairies

    5 avril 2011- 22 :54

     

    sur la plante de tes pieds

    5 avril 2011- 22 :54

     

     

    la prière de la Terre

    5 avril 2011- 22 :55

     

    sur ta joue     le paisible soleil du soir

    5 avril 2011- 22 :58

    […] »

     

    Ryôichi Wagô

    Jets de poèmes dans le vif de Fukushima

    Traduit du japonais par Corinne Atlan

    encres sur papier de soie Elisabeth Gérony-Forestier

    Coll. Po&psy a parte, érès, 2016

    https://www.editions-eres.com/ouvrage/3764/jets-de-poemes

     

    Voici un livre surprenant et bouleversant de Ryôichi Wagô, poète reconnu dans son pays depuis son premier livre en 1999, After, pour lequel il a reçu le prix Nakahara Chuya. Depuis, il n’a pas cessé d’écrire et de publier. Le 11 mars 2011, lors de la catastrophe de Fukushima, où il vit, il choisit de rester dans son appartement. 5 jours plus tard il commence à tweeter ce qui va devenir ce livre – Jets de poèmes (prix de la Revue Nunc), remarquablement traduit par Corinne Atlan et subtilement accompagné d’encres sur papier de soie d’Elisabeth Gérony-Forestier. Chaque jour est accompagné d’indications concernant la catastrophe et ce qui l’entoure. Voici un court extrait, qui sans la copier respecte, autant que faire se peut, la mise en pages des éditions érès qu’il faut saluer pour ce remarquable travail d’édition. « J’avais à peine donné le nom de “jets de poèmes” à mes activités d’écriture entamées hier que l’eau est revenue chez moi. J’avais l’impression que le même sang circulait dans mes veines et dans celles de mon appartement. “Jets de poèmes”, eau qui jaillit. Cela a entrouvert les vannes de mon esprit en panne. Cela a rétabli la circulation entre moi et le monde que j’ai sous les yeux. »

  • Yi Sang, « Plan à vol de corbeau »

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    « Poème n°12

     

    Un ballot de linge sale s’envole dans les airs et retombe. C’est une volée de colombes. C’est une annonce de la fin de la guerre et de la venue de la paix, de l’autre côté du ciel grand comme une paume. La volée de colombes nettoie ses plumes encrassées. De ce côté du ciel grand comme une paume, une guerre sordide qui matraque à mort les colombes commence. Quand l’air est noir de suie, la volée de colombes s’envole encore une fois vers l’autre côté du ciel grand comme une paume.

     

    Image de soi

     

    Ce lieu est le masque mortuaire* d’un certain pays. La rumeur circule aussi que ce masque mortuaire a été dérobé. Cette barbe, herbe pubère à l’extrême nord, a perçu le désespoir et ne pousse plus. Au fond du piège où le ciel est tombé de toute éternité, le testament repose discrètement submergé comme une pierre tombale. Alors des gestes inaccoutumés passant à côté traduisent la gêne d’être sain et sauf. Solennel le contenu finit par se froisser.

    * En anglais dans le texte, death mask

     

    Fin

     

    Une pomme est tombée. La Terre est souffrante au point de se briser. Fin.

    Déjà plus aucune pensée ne germe. »

     

    Yi Sang – 1910-1937

    Plan à vol de corbeau, suivie de « Parole de l’auteur de Plan à vol de corbeau »

    Traduit par Cori Smith & Jean-Yves Darsouze, avec la participation d’Olivier Gallon

    La Barque, 2019

    https://labarque.fr/librairie/livres/auteurs/yi-sang/plan-a-vol-de-corbeau/

     

    J'ai découvert Yi Sang par les bons soins de la William Blake & Cie en 2003, lorsque Bona Kim y publia sa traduction de Cinquante poèmes suivi de Les ailes. Cette publication n'est pas rien qui, 66 ans après la mort de l'auteur à Tokyo — quelle ironie pour lui qui ne connut son pays que sous l'envahisseur japonais et passa outre l'interdit d'écrire dans sa langue natale, à partir de juillet 1933 —,  faisait ainsi connaître un travail pour le moins original et décalé. Yi Sang est un mythe en Corée. Il serait temps que l'on se penche sur ses livres  (aux Petits matins, chez Zulma, chez Imago) et en particulier celui-ci qui s'inscrit au cœur d'une œuvre résolument liée à la vie, comme le fait fort justement remarquer Olivier Gallon, son nouvel éditeur français.

  • Wang Wei, « La rivière bleue »

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    Shitao, Au pied des Monts Jinting, vers 1670

     

    « pour me rendre dans la vallée des Fleurs jaunes,

    j’emprunte la Rivière bleue

    je longe les montagnes, dix mille tournants,

    la distance parcourue est à peine de cent li

    dans le vacarme au milieu d’un chaos de rochers,

    la couleur apaisante des pins denses

    flottent, tanguent les châtaignes d’eau

    clairs, immobiles, luisent les jeunes roseaux

    mon cœur depuis toujours est serein,

    comme la rivière limpide

    ah ! rester là sur un grand rocher,

    avec une canne à pêche à finir mes jours »

     

    Wang Wei

    Le plein du vide

    poèmes choisis, traduits du chinois et présentés par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 2008, réédition, 2016

    https://moundarren.com/livre/wang-wei/

     

    pour Marie-Hélène Lafon &  la Santoire

  • Wang Wei, « Séjour dans la montagne, décrivant ce qui se passe »

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    Shitao, Recherche d'immortels, vers 1700

     

    « solitaire je referme mon portail en branchages

    dans l’immensité floue face aux rayons du couchant

    les nids des grues peuplent les pins

    les visiteurs à ma porte rustique se font rares

    les nœuds des nouveaux chaumes de bambou sont saupoudrés de pollen

    les lotus rouges laissent tomber leurs vieilles robes

    à l’embarcadère les feux des lanternes s’animent

    de partout les ramasseuses de châtaignes d’eau sont de retour »

     

    Wang Wei – 701-761

    Le plein du vide

    poèmes traduits du chinois et présentés par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 2008, réédition, 2016

    https://moundarren.com/livre/wang-wei/

     

    Dédicace spéciale à Arthur & Sophie